En tout cas, c’était. Il nous a quittés le 20 septembre dernier. Et peut-être que vous ne connaissez pas son nom. Peut-être (et vraiment dommage pour vous) que vous n’avez jamais goûté aux merveilles que ses mains et son cerveau pouvaient créer. J’avoue une énorme faiblesse pour son minerai (un bonbon de chocolat en forme de bloc) et ses petits gâteaux de voyages, surtout au sirop d’érable. D’authentiques merveilles.

Franck Fresson allait avoir 54 ans. Son anniversaire, c’est le 29 septembre. Pour les vrais connaisseurs de pâtisseries, il était un des maîtres. Les médiatiques Christophe Michalak ou encore Cédric Grolet s’en inspiraient, il était ami avec ceux qui s’exportaient comme le lyonnais Sébastien Bouillet ou Pierre Hermé. Il était très pote avec ceux qui écrivaient comme Christophe Felder.

Pour autant, on ne le voyait pas à la télé, on n’a pas eu de livre de sa part. À peine quelques portraits, et j’ai eu la chance qu’il me dise oui, à l’époque, pour en réaliser un. C’était pour le magazine Zut ! Lorraine (à partir de la page 90) et j’avais vraiment dû insister, doucement mais fermement. D’ailleurs, c’est un portrait du chef mais ce n’est pas la plus grosse photo : ce sont ses créations.

 

Franck Fresson couverture Tasty Life Magazine
Il en était fier… mais également un peu embarrassé. Il y a une dizaine d’années, il avait fait la Une du magazine Gault&Millau en posant façon flamenco. Il aimait beaucoup l’Espagne et Barcelone en particulier. Crédit photo : Gault&Millau.

 

Pourquoi ? Mais parce que Franck Fresson, malgré sa réussite au concours de meilleur ouvrier de France en pâtisserie, réputé le plus difficile des métiers de bouche, cultivait une modestie et une discrétion rarement rencontrées dans le monde gastronomique de nos jours.

Certains passent ce concours trois ou quatre fois avant de le réussir. Franck Fresson ne s’est autorisé qu’une seule tentative. Et en 2004, à 35 ans, il l’a réussi. Il représentait la quatrième génération de pâtissiers Fresson, peut-être est-ce cela qui faisait que notre homme, chaleureux, drôle, généreux et accessible, ait toujours eu cette réserve. Sa maison allait fêter ses 100 ans en… 2022…

Et quand la nouvelle de la mort de Franck Fresson s’est répandue, la stupeur dominait. Seules les paroles de quelques ultra-proches laissent entendre que la maladie l’avait rattrapée. Laquelle ? On l’ignore, et quelle importance d’ailleurs ? Il est parti.

Et là, les hommages ont plu. D’une sincérité et d’une chaleur rarement vues quand l’un d’entre eux disparaît. Pourquoi ? Eh bien sûrement parce que Franck Fresson était l’un des tous meilleurs mais que jamais il ne tirait la couverture à lui. Jamais il n’en aurait voulu.

 

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Son bonheur était ailleurs. Dans un visage qui se régale, dans l’amour du travail (excellemment) bien fait. Dans la transmission. Et puis dans ce que lui permettait son métier de pâtissier et chocolatier, de la création, encore et toujours. Il m’avait confié un jour rêver d’ouvrir un restaurant rien que de pâtisseries. A-t-il réalisé tous ses rêves finalement ?

Enfin, son bonheur résidait dans l’amour. De sa famille – il disait que son épouse Chrystele était sa muse, ils ont deux enfants, Zoé et Jacques – , dans la franche camaraderie qui peut aussi exister dans un monde d’excellence où les gens ne sont pas rivaux : il faut lire les hommages de Guillaume Gomez (ci-dessus), camarade de la promo 2004 des meilleurs ouvriers de France section cuisine, et de Sébastien Bouillet (ci-dessous), bouleversants hommages à l’homme autant qu’au professionnel.

 

Alors voilà, cher Franck, je pense à ton épouse et tes enfants, tous tes proches et tous ceux qui t’aiment (oui, au présent). Et puis juste ceci : c’était bien trop tôt…

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