On n’a pas le droit de l’appeler comme ça. Mais comment nommer ces choses qui en ont l’allure, la texture, parfois le goût ? Fromage végétal ? Non. Fromage de synthèse ?! Encore moins ! En fait, ce serait une belle idée de leur trouver un nom. Parce que non, pour l’instant, ils n’en ont pas vraiment.
Parce que c’est vrai qu’il ne faut pas confondre. Et souvenons-nous que les « boissons végétales » n’ont plus le droit de se faire appeler « laits végétaux ». Idem pour le fromage, qui demeure un produit animal. Produit avec des laits issus d’animaux.
Une fois ce petit écueil sémantique écarté, penchons-nous sur ces « produits végétaux à déguster comme du fromage ». L’idée n’est pas, ici, de stigmatiser ou de trancher le sempiternel débat des amateurs de produits animaux face aux vegans. Loin de nous cette idée.
Seulement, de plus en plus aujourd’hui, les produits laitiers ne sont tout simplement plus accessibles à une partie de la population. Soit à cause du lactose. Soit à cause de la protéine de lait. Ou bien par conviction. Du moment que ça ne dégénère pas en pugilat, nous sommes pour la pluralité des avis et des saveurs !
Aussi, quand nous avons repéré le compte de Les Nouveaux Affineurs sur Instagram, notre curiosité a été piquée au vif. Ne nous leurrons pas : souvent vendues en magasins bio, les spécialités végétales qui tiennent lieu de fromage ne nous avaient pas semblé spécialement alléchantes.
Et sur ce compte, whaou ! Visuellement, c’était autre chose. Il s’agissait de savoir si, côté goût, la promesse était tenue. Eh bien oui ! Nous aimons d’amour le fromage à Tasty Life Magazine, il suffit de se souvenir de cette publication à propos de la raclette ou là, du comté.
Commençons en douceur avec l’affiné d’Albert. Qui méritait un peu plus d’affinage quand nous l’avons goûté la première fois mais qui tient la dragée haute à nombre de confrères lactés avec sa texture carrément bluffante.
On nous promet une saveur typée. Ne nous leurrons pas, on n’aura jamais d’époisses, de munster ou de maroilles avec de l’eau, des noix de cajou – du Vietnam, la traçabilité est remarquable – , du soja (français et italien, garantis sans ogm), du sel et des ferments.
Mais cette spécialité est tout à fait savoureuse, bien meilleure que pas mal d’autres fromages vendus en grande distribution avec force promotion télévisuelle.
Nous avons reçu deux échantillons. L’affiné d’Albert donc et notre chouchou absolu : le Frais, ail et fines herbes. On vous voit venir, les quadras, avec ce fameux petit fromage frais qui se déclinait ainsi : « du pain, du vin, du… » ! Depuis ces souvenirs cathodiques et vieillissants, la recette avait changé, la magie opérait un peu moins et les pubs ont disparu.
Eh bien ce Frais-là est laaaaargement aussi divin que ce petit fromage à tartiner qui rimait avec pain et vin.
Nous avons craqué. Le Frais est bien nommé, délicat, fondant, crémeux à souhait et l’équilibre des goûts entre le lacté (oui oui), l’ail et les fines herbes est remarquable. Là aussi, le bluff est total. D’ailleurs, on nous suggère dans le dossier de presse de le travailler en cuisine. Pas fait, on l’a trop aimé sur la tartine. Ce sera pour la prochaine fois.
Pour celui-là également, les ingrédients sont l’eau, les noix de cajou, le soja (100% français cette fois), le sel, les ferments auxquels s’ajoutent l’ail, le persil, le poivre et pour la tenue en cuisson, deux huiles : colza et tournesol.
Le tout, frappé des exigeants labels bio français et européens, nettement allégé en graisses saturées et fabriqué en France. En un mot, bravo. Et vivement la raclette façon Nouveaux Affineurs !